Jason Voriz – Va en enfer
Son visage orné du M de Majin, en référence aux êtres corrompus par le sorcier maléfique Babidi dans Dragon Ball, en fait un des visages les plus atypiques et uniques du rap français. Après de nombreuses années aux côtés de Seth Gueko lors de ses années thaïlandaises, Jason Voriz a longuement fait languir son public quant à la sortie d’un projet solo de grande ampleur, attente décuplée par les projets transitoires Trap Manstrr et 06 Manstrr Valley. Affinant peu à peu son style fait de phrases aussi sombres qu’hilarantes, le rappeur originaire de Vallauris nous présente en ce début d’été le projet tant attendu, poétiquement nommé Va en enfer. Une myriade d’invités est présente sur le disque, évidemment l’éternel Seth Gueko sur deux titres dont un avec son fils Stos, des figures importantes du rap francophone telles qu’Alkpote, Jeff Le Nerf, Kozi ou Caballero et JeanJass, et des rappeurs ayant une folie artistique comparable à la sienne, de Reta à Kader Diaby en passant par Braboss. Ce cocktail explosif donne un album à l’image du personnage, d’apparence très sombre mais qui cache une personnalité et un univers sans égal.
Sysa – Nueve
Avec les gargantuesques projets 13 Organisé et Le Classico Organisé, Jul a d’une part su réunir de nombreuses sommités du rap marseillais et parisien, et également mis en lumière quelques représentants de la nouvelle scène marseillaise. Sysa est l’un d’eux, et après avoir profité d’une énorme mise en lumière grâce à Jul, cherche à capitaliser sur ce succès en dévoilant son premier projet solo, Nueve. S’inscrivant dans la plus pure tradition du rap marseillais, avec une base de kickage frénétique agrémentée de quelques ambiances ensoleillées, Sysa rend hommage à cet héritage dans cet album, qui compte pour seuls invités Jul et Le Rat Luciano, icônes de différentes générations de rappeurs phocéens. Le morceau avec Luciano est d’ailleurs intitulé Génération, tout comme d’autres collaborations récentes entre jeunes rappeurs et vétérans, PLK et Rim’K ainsi qu’YL et Rohff, ce qui marque un peu plus la symbolique de transmission culturelle véhiculée par le titre. L’album se caractérise par le spleen de son auteur, lié à sa douloureuse histoire familiale et aux difficultés socio-économiques que peut connaître la jeunesse marseillaise, spleen qui inspire notamment les titres extrêmement introspectifs qui clôturent l’album, Destinée et Lettre à un frère.
La F – King of drill
Le villeurbannais d’origine algéro-jamaïcaine a une place à part dans la scène drill française, lui qui a toujours mis un point d’honneur à raconter les vices de la rue dans ses aspects les plus crus, tout en apportant une touche mélancolique qui lui est propre. Lui qui a toujours dissimulé son visage commence à se dévoiler avec parcimonie sur les réseaux sociaux, signe d’un passage à une nouvelle étape de sa carrière qu’illustre cette mixtape, qui suit la trilogie The No Face avec laquelle il a commencé à se révéler. Dénué de tout featuring, à l’exception du remix de Dead qui clôt le projet avec les présences d’Hayce Lemsi, Kanoé, Slkrack, Zeu, Shelby691, Saamou Skuu et Malty 2BZ, King of drill permet à La F de prouver par sa versatilité musicale que le nom de son projet n’est pas usurpé. Quatorze titres durant, il explore toutes les facettes de la drill, énergique et parfois émotionnelle, sans négliger la plume, évitant ainsi d’être catalogué dans un seul registre comme c’est malheureusement le cas pour une grande partie des drilleurs. Ce projet confirme l’unicité de la F et le place encore un peu plus parmi les artistes sur qui compter dans les années à suivre et assied son statut au sein d’une scène lyonnaise toujours plus productive et inspirée.
Article rédigé par Adrien
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