Keurta est un rappeur originaire de Montigny-le-Bretonneux, dans l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. Notamment remarqué après son titre Kery James, il est également très engagé socialement au-delà de sa musique. Il est entraîneur des U15 féminines de Montigny-le-Bretonneux et assistant d’éducation dans des écoles de la ville. En özel ve reel kızlar Fantezi – Fetiş Delisi istanbul Escort Ayla | İstanbul Escort Bayan sizleri bu platformda bekliyor. Son second projet, 7K82, est disponible depuis ce 11 décembre sur toutes les plateformes de streaming.

 

 

ADRIEN : Bonjour Keurta, tu sors ce 11 décembre ton projet 7K82, deux ans jour pour jour après 7K8. Quels événements ont eu lieu dans ta carrière durant ces deux dernières années et qu’est-ce qui a empêché ce deuxième projet de voir le jour plus tôt ?

 

KEURTA : Il s’est passé beaucoup de choses entre 7K8 et 7K82, le fait le plus marquant a été le week-end du 3 et 4 décembre 2021. Le 3 décembre j’ai fait la première partie du concert de Kery James à la Merise, à Trappes, et le lendemain, c’était mon premier concert officiel, en mon nom, à la salle Jacques Brel de Montigny-le-Bretonneux. Il y a eu également mon morceau Trappes qui a beaucoup fait parler de lui, avec notamment un partage de Jamel Debbouze sur Instagram, puis Artiste SQY, où je mets en avant Saint-Quentin-en-Yvelines. J’ai été sur différents petits projets à droite et à gauche, et, après ce week-end de folie avec Kery James, j’ai eu besoin de faire le point et de me demander comment revenir. J’ai préparé beaucoup de contenu pour qu’à mon retour, je puisse être constamment présent sur les réseaux sociaux pour de nombreux mois, ce qui explique cette petite absence.

 

A : Quel a été ton rapport au rap avant d’en faire et quels artistes t’ont inspiré ?

 

K : J’ai connu le rap dès l’âge de mes dix ans, quand j’ai emménagé dans le quartier du Pas-du-Lac, à Montigny-le-Bretonneux, où habitait notamment la sœur de La Fouine. Il était d’ailleurs venu à la maison de quartier nous voir, j’ai pu à l’époque rencontrer ce grand monsieur, avec sa grande taille, je me souviens, ça m’avait marqué (rires). Ensuite, l’artiste que j’ai découverte et qui m’a vraiment donné envie d’écrire, c’est Diam’s. L’un des premiers CD que l’on m’a offert, je me souviens que c’était Les Cités d’Or des Psy 4 De La Rime. On peut dire que Psy 4, Diam’s et La Fouine sont mes premières grandes inspirations, ensuite j’ai eu la chance de découvrir tout le reste, dont le fameux Kery James.

 

A : Ton premier buzz est d’ailleurs le morceau intitulé Kery James, qui t’a permis d’être repéré par ce dernier. Dans celui-ci, tu reviens sur l’impact qu’a eu sa musique sur toi quand tu étais hospitalisé. En quoi est-il quelqu’un d’inspirant pour toi ?

 

K : Je me suis fait opérer le 1^er août 2018 d’un polype sur les cordes vocales, rien de grave du tout, faut juste pas laisser traîner, mais c’est pas une opération lourde. Il a fallu ensuite que je reste une semaine sans parler du tout, puis un mois en repos vocal complet, pour m’occuper pendant cette période, j’ai réécouté la discographie de Kery James. J’ai eu la chance de la redécouvrir avec une oreille plus adulte, même si je la connaissais déjà car j’ai beaucoup écouté la Mafia K’1 Fry au collège. Quand t’es au collège et quand t’es un jeune de vingt-deux ans tu l’analyses différemment. J’ai trouvé incroyable la façon dont il s’exprime, et je me suis vraiment retrouvé dans les messages qu’il véhicule, ce qui m’a donné envie de m’inspirer de lui.

 

A : Cela t’a amené à te rapprocher de lui et assurer certaines de ses premières parties, quel bilan tires-tu de cette expérience ?

 

K : Je trouve ça incroyable, je suis ce petit jeune qui écoute Kery, je me dis que je vais essayer de faire un morceau à sa façon, de plus de six minutes avec un seul refrain à la fin, et je finis “validé“ par l’artiste, qui me partage sur tous ses réseaux, qui me dit qu’il a versé une larme, et ensuite, quand il m’invite à faire sa première partie à Trappes, c’est un peu la consécration, la chance de pouvoir fouler la même scène que lui, et j’en suis très honoré.

 

 

A : Kery James n’est pas la seule personnalité à avoir un titre qui lui est dédié, on retrouve le morceau Omar Sy sur 7K82. Est-ce important pour toi de rendre hommage ainsi à des figures inspirantes et as-tu des noms en tête qui pourraient inspirer de futurs morceaux ?

 

K : Même si je me suis inspiré de Kery James, de base le morceau ne devait pas s’appeler comme ça, il devait avoir un titre qui commence par “constat“, mais je savais pas encore, vu qu’il y avait déjà les Simple Constat de R.E.D.K., et aussi évidemment Constat amer de Kery. Je sais pas vraiment comment j’aurais pu l’appeler, c’est sur le chemin du studio que j’ai eu la révélation de l’appeler Kery James. Ensuite, y’a eu un autre buzz, celui du morceau Trappes, qui m’est un peu tombé dessus, parce qu’on est venu me chercher pour écrire dessus, c’était pas une initiative de ma part. Ça m’a fait plaisir de mettre en avant le bon côté de la ville et pas tout ce que l’on voit à côté, et il y a eu ensuite ce partage de Jamel Debbouze. C’est là que je me suis dit : « J’ai fait un morceau phare avec Kery James, Kery James n’est néanmoins la seule personnalité qui m’inspire. ». Omar Sy, j’aime beaucoup sa personnalité, son parcours, ses films, à la fois simples et très parlants, beaucoup dans l’émotion. Donc je me suis dit : « Let’s go, pourquoi pas faire un clin d’œil à Omar, ça fait une sorte de filiation entre Kery James dans 7K8 et Omar Sy dans 7K82 ». Ça peut devenir une petite marque de fabrique, mais il y a plein de rappeurs qui ont fait ça pour rendre hommage à des footeux ou des artistes. Peut-être que la prochaine fois j’en ferai un sur un sportif, un humoriste, je sais pas, y’a beaucoup de gens qui m’ont inspiré… Tiens, là, j’ai une idée, l’un des messieurs qui m’ont énormément bercé dans ma jeunesse, c’est François Damiens, ça pourrait être marrant ça (rires).

 

A : L’engagement est une valeur importante dans ta musique, penses-tu comme Calbo qu’on ne puisse pas « prétendre faire du rap sans prendre position » ?

 

K : C’est pas qu’on ne peut pas, parce qu’au final, il y a plein de gens qui rappent et qui ne prennent pas position dans leurs textes, qui préfèrent juste raconter des histoires. Je pense que chacun est libre de faire ce qu’il veut, maintenant, c’est vrai que je regrette parfois ce manque d’apprentissage sur le milieu du hip-hop. Oui, les générations passent, oui, la musique change, les BPM s’accélèrent, mais je pense que c’est très important de se renseigner. C’est comme l’Histoire, si on en est arrivés là, c’est qu’il s’est passé des choses, que les gens ont écrit l’Histoire. Quand on fait du rap, c’est important de savoir d’où il vient, quand il est arrivé des États-Unis, ça a permis à des groupes comme Assassin, IAM ou NTM de dénoncer ce qui se passait, les difficultés que rencontraient les jeunes de quartier en France… Je trouvais donc ça hyper intéressant de dénoncer par le rap, de véhiculer des messages. On peut ne pas prendre position, mais ce serait bien que plus d’artistes le fassent, notamment les artistes connus et signés.

 

A : Cet engagement se ressent dès le premier titre du projet, Coupe du Monde au Qatar, qui évoque les nombreux scandales et polémiques autour de l’organisation de la compétition. Étant donné que tu es également entraîneur des U15 féminines de Montigny-le-Bretonneux, est-ce que cela te donne une mission supplémentaire de responsabilisation par rapport aux valeurs universelles que le sport est censé promouvoir ?

 

K : Le fait d’être éducateur et coach, c’est important parce qu’il y a des valeurs. Derrière la musique et le sport, c’est important d’inculquer ces valeurs, les notions de partage, entraide, vie en groupe… Cette Coupe du Monde, sans revenir sur toutes les polémiques qu’il y a derrière, c’était important pour moi de la dénoncer et de rappeler que le foot, de base, avant que ça soit des millions et des milliards d’euros, c’est des jeunes qui jouent avec un ballon, sur un terrain ou dans la rue, des garçons ou des filles, c’est le peuple en fait. En tant qu’entraîneur, j’ai un public jeune qui me suit, j’ai quelques responsabilités sur les épaules, c’est important pour moi de véhiculer mes valeurs, en tout cas ce sont les miennes, les gens ne sont pas forcément obligés de s’y rattacher…

 

 

A : Tu es également assistant d’éducation dans une école maternelle en parallèle de ta carrière, tu es donc constamment au contact des jeunes. Est-ce que cela influence ton rap et te conditionne à transmettre un message qui peut être compris par toutes les générations ?

 

K : Je suis assistant d’éducation en maternelle, et maintenant je suis passé référent en élémentaire, je passe même mon BAFD pour être directeur. Oui, le fait de travailler avec les jeunes, c’est très important pour moi. Quand j’écris mes textes, je sais que les petits de mon école peuvent m’écouter, je suis également le grand frère d’un petit frère et de deux petites sœurs, je suis coach, donc j’ai toute une jeunesse qui me suit. Même si je ne suis pas pour faire du rap “enfantin“ où l’idée est juste de faire un refrain pour que les enfants chantent, je pense que c’est important d’adapter mes paroles à la jeunesse du public. D’ailleurs, je me suis rendu compte que les artistes qu’on écoute jeune, c’est eux qui nous marquent à vie. Les artistes qu’on a cité au début de l’interview m’ont vraiment aidé et accompagné, si je peux être l’artiste qui accompagne la jeunesse, notamment dans mon école ou dans le secteur, j’en serais honoré.

 

A : Du coup il n’y aura pas de Keurta featuring Alkpote (rires) ?

 

K : C’est pas le premier artiste auquel je pense en parlant de featuring, parce qu’il y a un grand écart (rires), mais je suis aussi très ouvert musicalement, et même si je suis conscient qu’il y a une jeunesse, c’est aux parents de filtrer ce qu’ils font écouter à leurs enfants. Y’a plein de rappeurs bien plus virulents dans leurs propos, c’est pas pour autant que je n’aime pas ce qu’ils font, notamment Alkpote, qui a un univers incroyable. Si jamais un jour il y a un feat, on dira juste que celui-là, exceptionnellement, n’est pas pour les enfants (rires).

 

 

A : Dans 7K82, tu t’ouvres un peu plus au chant, notamment sur le titre Reviens-moi. Après avoir été connu pour des titres “coup de poing“, est-ce difficile de s’ouvrir à d’autres sonorités sans craindre de perdre le public des débuts ?

 

K : Dans 7K82, malgré quelques couplets bien rap, y’a énormément de chant. Oui, j’ai été validé par Kery James, oui, on m’a “collé“ l’étiquette de rappeur engagé, conscient, mais je suis avant tout un artiste. J’aime chanter, j’aime rapper, j’aime m’ouvrir à toutes sortes de musiques. Keurta, il a pas l’histoire de Kery James. Je suis pas un haïtien, qui a vu son ami brûlé, qui a grandi à Orly, je suis Antoine, certes j’ai grandi en quartier mais j’ai pas tout ce vécu. J’ai pas, comme Kery, cette ambition de défendre toute une communauté, je suis beaucoup plus dans l’idée de rassembler tout le monde. J’ai toujours chanté, toujours rappé, j’ai toujours aimé ça, et dans 7K8 ça arrivait déjà avec notamment Ça ira mieux demain et Petit. C’est la suite logique dans 7K82, je trouve justement que ça me permet d’élargir mon public. Ceux qui m’aiment pour le rap ont du rap, et ceux qui m’aiment plus pour du chant ont du chant, tout le monde est servi.

 

A : Pour la première fois tu as un featuring sur ton projet, avec Cissé Yatera sur le titre Partage. Peux-tu présenter cette artiste et résumer comment s’est faite cette connexion ?

 

K : C’est vrai qu’on m’a souvent dit d’aller chercher des featurings parce que c’est important, mais moi j’aime vivre un featuring quand il y a du partage. Cissé Yatera, c’est une artiste originaire de Trappes, qui a une voix magnifique, qui a fait plusieurs fois les Francofolies, avec Bénabar notamment, qui a été voix réserviste de la comédie musicale Le Roi Lion. C’est une voix magnifique et une personne magnifique, qui faisait partie de l’association Art Magique, avant qu’elle ne parte vivre au Sénégal. Cette association a produit mon concert du 4 décembre 2021, elle me suit depuis des années, elle était jury d’un tremplin que j’ai fait à Trappes quand j’avais dix-neuf ans… On s’est toujours suivis de loin, et quand j’ai appris qu’elle partait au Sénégal, je lui ai dit : « Non, Cissé, tu ne peux pas partir sans qu’on fasse ce fameux morceau dont on parle depuis des années. ». Je l’ai invitée au studio et on a fait ce très beau titre, Partage, qui est la preuve qu’un vrai featuring, c’est quand il y a une vraie connexion et qu’on sent ce fameux partage.

 

A : Il n’y a cependant pas de featuring avec d’autres rappeurs, est-ce quelque chose qui pourrait arriver par la suite ?

 

K : Avec grand plaisir. 7K8 et 7K82, même s’ils sont plus longs que des EP, ce ne sont pas de vrais albums. Quand je sortirai un vrai album, j’aimerais avoir une exposition encore plus importante, alors que 7K82, c’est juste histoire de dire que l’aventure continue, pour chercher plus de visibilité sur les réseaux. J‘avais fait le 1 à 8 Concept #1 juste avant Kery James, où j’invitais plusieurs rappeurs du 78, et le deuxième a été enregistré et sortira au mois de janvier. Il y aura dessus Dickey, Kwanz, Alfredo, Kwistof, Nino, Ali Gang et KHF, que des mecs du 78 pour les mettre en avant, j’ai préféré le faire sous forme de concept. Il y a de fortes chances que derrière, des featurings se fassent avec eux notamment, ou avec d’autres rappeurs.

 

A : Comme pour le 93, le 91 et le 94, un projet réunissant les différents artistes des Yvelines est en préparation. Quel est l’avancement actuel du projet ?

 

K : Le projet B.O.M. (Banlieue Ouest Mafia), est censé arriver, mais malheureusement Chabodo n’est actuellement pas apte à s’occuper du projet, je crois que ça a été mis en veille. Mais c’est possible que ça se réveille, et j’y participerais volontiers.

 

A : Tu as tourné plusieurs clips au quartier de la Sourderie, à Montigny-le-Bretonneux. Ce quartier est devenu avec le temps un spot privilégié des rappeurs, les clips Putain d’époque de Dosseh et Nekfeu, Enfants terribles de Sinik et Rémy ou Musica de Soprano et Ninho y ont notamment été tournés. De ton point de vue, cela a-t-il un impact positif sur l’image de ce quartier ?

 

K : Oui, après j’ai jamais vu ce quartier comme un spot, c’est juste l’endroit où j’habite, enfin je suis à peine à deux minutes. C’est l’endroit où on promène le chien en famille, normalement (rires). Ça ne peut être que du positif que de grands artistes soient venus ici, il y a de super beaux clips, de super beaux visuels, une super belle architecture… Moi je fais partie des rappeurs qui peuvent en plus se vanter de connaître les habitants (rires). C’est super pour la ville, et j’espère qu’il y en aura encore d’autres à l’avenir.

 

 

A : Ton projet s’appelle 7K82, comptes-tu en faire une série de plusieurs volumes, ou plutôt partir sur un album avec un titre qui lui serait propre ?

 

K : C’est sûr que si je pars sur un album, il aura un titre complètement différent et plus parlant, là c’est juste mon identité musicale. 7K82 s’est fait, comme je t’ai expliqué, après ce fameux week-end de folie, je savais plus vraiment quoi faire. J’avais des morceaux, j’ai fait le fameux Omar Sy, des trucs de côté, et c’est que récemment que je me suis dit que j’avais de quoi sortir un beau projet, avec un beau fil conducteur. J’ai encore enregistré deux-trois chansons pour faire quelque chose de propre et cohérent, et 7K82 est né. Maintenant je sais pas quelle est la suite de l’aventure pour moi, si dans les prochains mois et années j’aimerais vraiment avoir une exposition plus importante par le biais d’un label qui aurait les mêmes idées et principes. Après si ça se fait pas, ça restera mon identité musicale que je pousserai au maximum, quoi qu’il arrive j’aimerais travailler sur un album encore plus puissant.

 

 

Interview réalisée par Adrien

Le projet 7K82 est disponible sur toutes les plateformes de streaming

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