Actif depuis 1985, Rockin’ Squat, vétéran du rap français, n’a jamais cessé de sortir des projets, le dernier en date, PP+, étant sorti le 16 décembre dernier. Désormais sous le nom de RCKNSQT, ses derniers projets contiennent toujours les éléments qui faisaient l’essence du groupe Assassin, comme l’engagement politique et la conscience écologique, le tout au service d’une science de la rime toujours plus aiguisée. Après un rendez-vous manqué en 2022 en raison de la désapprobation de Rockin’ Squat envers les mesures sanitaires liées au Covid, la situation de début 2023 est désormais plus favorable à la tenue de ce concert événement. Ce samedi 28 janvier, des auditeurs de toutes générations étaient ainsi réunies à La Cigale pour célébrer l’immense carrière de Rockin’ Squat.
La première partie du concert était assurée par le groupe L’Uzine. Bien qu’amputé de sa tête d’affiche Souffrance, lui-même pris par une date le même soir aux côtés de Furax Barbarossa à Bourgoin-Jallieu, le collectif montreuillois a assuré le show, chauffant la scène dès les premières notes. Sous l’impulsion de Cenza, Tonio le Vakeso et TonyToxik, les titres se sont enchaînés, faisant bouger les têtes des spectateurs avec des titres fédérateurs comme Le pacte ou C’est comment, dont le refrain simple et percutant “Narvalo c’est comment“ a fait son effet dans une foule chauffée à blanc. Cenza et Tonio le Vakeso ont ensuite chacun performé un morceau solo avant que le groupe ne reprenne son show avec Où sont les kaïras, idéal pour les pogos, comme celui qui a eu lieu au centre de la salle ce soir, avant de clore le show sur la même énergie, préparant ainsi parfaitement le public de La Cigale à l’attraction du soir.
Dès son entrée, Rockin’ Squat attaque fort en interprétant des titres classiques d’Assassin, La formule secrète, Je glisse, Sérieux dans nos affaires ou Le savoir est une arme, avec Nikkfurie de La Caution et par DJ Low Cut pour l’épauler. Après avoir chaleureusement remercié le public pour être venu en si grand nombre, il a enchaîné avec NY Network, sur lequel il compte sur un featuring improbable, celui de son jeune fils, venu le rejoindre sur scène et ambiancer le public avec son énergie et sa bonne humeur. L’atmosphère plus détendue est ainsi totalement propice à l’arrivée de Maj Trafyk, pour interpréter leur featuring Terre de feu, issu de son dernier album Advienne que pera. Dans cette ambiance aux sonorités proches du reggae, c’était alors le moment idoine pour lancer le classique Shoota Babylone puis une version mise à jour de L’Odyssée suit son cours avec un couplet inédit de Nikkfurie. Squat enchaîne ensuite avec des titres plus forts de sens, Esclave de votre société, L’État assassine puis Faut que ça cesse, avant d’entamer un voyage dans le temps et de passer directement à l’ère de PP (Prison Planet).
Les titres joués sont plus récents et la scénographie change pour laisser place à un environnement numérique et cybernétique, ce qui peut laisser imaginer une improbable filiation entre Rockin’ Squat et Laylow. Squat rappe assis derrière un ordinateur ses titres les plus récents, qui tournent autour de thématiques principalement liées aux nouvelles technologies. Pixel, D.A.T.A, Zee Town et Esclave 2021, issus des deux derniers projets PP et PP+, s’enchaînent alors, avant Big Pharma, dont la thématique permet à Rockin’ Squat de revenir sur la situation sanitaire qui a conduit au report de ce concert initialement prévu en 2022. Ceci est la transition parfaite vers l’interprétation du titre Libre, puis celle de Terre mère en duo avec Nikkfurie, rappelant ainsi que la conscience écologique va de pair avec la conscience sociale. L’invité phare de la soirée fait ensuite son entrée, Doc Gynéco fait une apparition assez haute en couleurs. Rockin’ Squat le remercie chaleureusement pour l’avoir invité sur l’album Liaisons dangereuses en 1998, puis les deux compères interprètent leur dernier featuring, Retweet. Avant que Doc Gynéco ne quitte ensuite la scène, Rockin’ Squat annonce que Bruno Beausir sortira un nouvel album en 2023, dont il sera lui-même responsable de la production. La soirée était belle, mais elle ne pouvait se conclure sans rendre hommage à l’historique DJ d’Assassin, DJ Duke, tragiquement décédé en 2020. Avec son portrait affiché en arrière-plan, les titres Au fond de mon cœur et Touche d’espoir apparaissent comme les adieux officiels d’un homme qui n’a pas pu les faire à son public malgré tout ce qu’il a apporté à la culture hip-hop. C’est sur cette note d’émotion que se clôt cette célébration de l’immense carrière de Rockin’ Squat, très loin d’en marquer la fin tant le rappeur semble éternel et ses thématiques intemporelles. Comme si c’était un jeune rookie, on se languit désormais de découvrir la suite.
Article rédigé par Adrien
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