Rayad a dix ans et vient de Sevran. Il a été bercé au rap dès son plus jeune âge, notamment par son père, lui-même rappeur sous le nom de Rdjb. Dans les traces de son père, il écrit et interprète ses propres textes, qui ont obtenu un certain succès sur les réseaux sociaux. Cette exposition a mené à la sortie le 10 février dernier de son premier album, 10%. Sur ce disque, le jeune rappeur est entouré d’invités de renom, dont Benab, Sultan ou Le Troisième Œil. Le petit prodige s’est exprimé sur son album et son début de carrière pour Scred Magazine.
ADRIEN : Bonjour Rayad, tu viens de sortir ton premier album, 10%. Tu es âgé de dix ans, depuis quel âge écoutes-tu du rap ?
RAYAD : J’écoute du rap depuis que je suis né, parce que papa fait du rap à la maison. Depuis ma naissance je baigne dans la musique. C’est lui qui m’a donné envie d’en faire.
A : Quels sont tes artistes préférés ?
R : Mes artistes préférés sont bien évidemment Tiakola et le rappeur anglais Central Cee.
A : Est-ce que tes parents t’interdisent d’écouter certains artistes qui ne seraient pas adaptés à ton âge ?
R : Oui, mon père ne veut pas que j’écoute des artistes qui disent beaucoup de gros mots.
A : Tu respectes l’interdiction ou tu les écoutes en cachette ?
R : Non, je respecte, sinon je me fais gronder ! (Rires)
A : Comment es-tu arrivé à faire du rap professionnellement ?
R : Depuis tout petit, mon père m’a donné envie de faire de la musique. Un jour, il m’a emmené au studio, il posait un son et j’ai dit : « Papa, moi aussi, je veux essayer ». J’ai essayé, on a kiffé, on a bien aimé, et depuis on continue comme ça.
A : Ton père gère ta carrière avec toi, est-ce qu’il a une influence sur ce que tu écris ?
R : C’est moi qui écris mes textes, ensuite mon père et mes tontons viennent et corrigent ce qui ne va pas.
A : Tu es d’origine comorienne, comme de nombreux invités du projet, comme Sultan ou Le Troisième Œil. Est-ce ton père, Rdjb, également présent en featuring, qui a organisé ces collaborations ?
R : Oui, mon père m’avait montré un son très ancien du Troisième Œil, et j’avais bien aimé. Mon père il écoute ces artistes depuis tout petit, donc on leur a demandé, et ils ont pas refusé. Ça fait super plaisir de poser avec les tontons !
A : Benab et Mamini sont également invités sur le projet. Ils viennent de Sevran comme toi, cela a-t-il facilité la connexion ?
R : Oui, je les connaissais déjà beaucoup, ils étaient déjà comme des grands frères pour moi. Ils ont accepté directement les feats et ça m’a fait super plaisir de collaborer avec eux.
A : Sevran est connue pour le nombre important de rappeurs qui en proviennent. Est-ce que les artistes de la ville ont un rôle de grand frère avec toi ?
R : La plupart, comme Mamini, Benab, Kalash Criminel, ils ont beaucoup un rôle de grand frère. Ils me donnent plein de conseils, sur la musique, la vie, et un peu sur tout.
A : Il y a également des collaborations avec des artistes de ta génération sur le projet, comme Kamil ou MC Baby. Est-ce qu’avoir des confrères du même âge est rassurant quand on arrive dans un monde d’adultes ?
R : Oui, ça fait super plaisir de collaborer avec eux, même si j’ai pas vraiment peur parce que je connais un peu ce monde. Mais on est ensemble et c’est bien d’avancer avec eux.
A : Comment s’est faite la connexion avec MC Baby, qui vient de Kinshasa ?
R : MC Baby, c’est quelqu’un qu’on a rencontré sur les réseaux sociaux avec mon père, on a bien aimé, et quand on a demandé le feat on s’est rendu compte qu’il me connaissait déjà. Il a pas refusé et ça m’a fait vraiment super super plaisir de collaborer avec lui.
A : Contrairement à eux, Sultan ou Le Troisième Œil sont bien plus âgés que toi. Cela a-t-il rendu l’entente avec eux plus ou moins facile ?
R : Non, je parle avec eux comme des tontons, et de toute façon c’est plus mon père qui s’occupe de parler avec eux. Moi je m’occupe surtout de la musique.
A : Est-ce que ton début de carrière fait de toi la star de l’école ?
R : Au début, les gens étaient un peu choqués, mais maintenant ça passe comme si j’étais un enfant comme tous les autres.
A : Cela n’a pas de répercussions sur tes résultats ?
R : Encore moins, parce que si je travaille pas bien à l’école, la musique c’est fini et il faut bien écrire. D’ailleurs, le rap, ça m’a rendu meilleur en français.
A : Penses-tu avoir un diplôme ou un disque d’or en premier ?
R : J’espère avoir le disque d’or en premier, mais le diplôme, je ferai tout pour l’avoir aussi.
A : Est-ce que tu as l’impression de représenter les jeunes de ta génération avec ta musique ?
R : Oui, je représente un peu les jeunes de ma génération, parce que d’habitude on a des modèles plus vieux que nous. C’est rare d’avoir un représentant de son âge et ça me fait super plaisir de le faire.
A : En dehors du rap, tu as également fait des apparitions dans la campagne publicitaire de la SNCF et dans la série Netflix Notre-Dame, La part du feu. Comment sont arrivées ces opportunités ?
R : Elles sont arrivées grâce au rap aussi, c’est une agence qui nous a contactés. Ils ont vu que j’avais un bon jeu d’acteur dans mes clips, ils m’ont inscrit dans une agence, et grâce à ça on a déjà fait plusieurs films.
A : Tu joues aussi au foot, au Sevran FC. Est-ce que tu te verrais mener une double carrière de footballeur et de rappeur, comme Memphis Depay ?
R : J’espère, en plus c’est un joueur et un rappeur que j’adore, c’est vraiment une inspiration pour moi.
A : Est-ce envisageable à ton âge de faire des concerts ?
R : J’en ai déjà fait plusieurs, j’aime beaucoup faire des concerts et j’espère en faire encore plein, plein, plein. C’est surtout pendant le temps des vacances, la dernière fois on était à Château-Renault par exemple, dans le Centre.
A : As-tu déjà un plan de carrière pour la suite ?
R : J’espère faire plein d’albums, continuer comme ça, et à vingt ans à la retraite ! (Rires)
A : Scred Magazine continuera à suivre tout ça avec attention.
Interview réalisée par Adrien