Criminls, rappeur originaire de Noisy-le-Sec, a sorti le 17 février dernier son premier album, WW3. Adepte d’une trap évoluant parfois vers de la drill, Criminls s’est entouré pour ce projet d’artistes de son cercle proche, dans lequel on peut compter notamment Freeze Corleone, Ashe 22, Norsacce Berlusconi, Black Jack OBS ou RAS. Comme le nom du projet l’indique, Criminls vient pour faire la guerre, et a dévoilé une partie de son plan pour Scred Magazine.
ADRIEN : Bonjour Criminls, tu viens de sortir ton premier album, WW3, pour “World War 3″. Pourquoi ce choix de titre ?
CRIMINLS : Ce titre, c’est la représentation de l’état d’esprit dans lequel on est, c’est la guerre tous les jours. 18 titres, 10 featurings, on arrive en armée, avec plusieurs couleurs différentes, tout ce qu’on peut retrouver sur un terrain de guerre quoi.
A : Il y a d’ailleurs beaucoup de tracks dont le titre fait une référence directe à la guerre, comme AR 15, Tranchées, Glock ou Navy Seals par exemple. Est-ce un domaine qui te passionne, au-delà de la musique ?
C : En vrai ça ne me passionne pas tant que ça, mais pour avoir la paix faut faire la guerre. La paix c’est une longue recherche, on est obligés de passer par cette étape-là avant. La guerre c’est pour aboutir à quelque chose, pas juste pour la bagarre. L’issue, c’est le next level, toujours aller plus loin, combattre nos démons… La concurrence est aussi rude, faut pas se laisser marcher dessus.
A : Ton nom finit par les lettres « NLS », qui reviennent souvent dans tes lyrics. Que signifient-elles?
C : NLS, c’est le gang, en fait, ça veut dire “Next Level Soldat ». J’ai monté mon studio d’enregistrement, qu’on a appelé Next Level Studio, ensuite, le label, qu’on a appelé Next Level Sound. NLS, ça regroupe tout ça.
A : Quels artistes t’ont inspiré dans ta jeunesse ?
C : Moi, je suis sénégalais-mauritanien, j’ai d’abord écouté les sons du pays que mes parents écoutaient. Ensuite, au bled, ça écoutait beaucoup plus de cainri que de français, donc ça a beaucoup marqué ma jeunesse. Ça a commencé avec G-Unit, 50 Cent, puis la nouvelle génération. C’est une école différente, mais tant qu’il y a de la bonne vibe ça me va.
A : Tu es actif depuis de nombreuses années maintenant, ton premier EP est sorti en 2017 mais il a fallu attendre 2023 pour ton premier album. Pourquoi ce projet a-t-il mis aussi longtemps à se concrétiser ?
C : J’étais actif sans vraiment l’être, la musique c’était encore au second plan pour moi. J’étais davantage dans le business à cette période, et c’est plus récemment, vers 2019, que j’ai pris tout en main. J’ai monté ma structure, mon studio, pour pouvoir tout sortir en indé, tout ça a pris du temps mais c’était un temps nécessaire pour la suite.
A : Maintenant que la machine est lancée, les futures sorties seront-elles être plus régulières ?
C : Exactement, j’ai du stock à revendre, j’attendais juste de mettre en place une bonne stratégie avant d’envoyer la sauce plus tard.
A : Que représente la pochette du projet ?
C : Ça représente mon univers, le monde dans lequel on est. La guerre, le feu, les conflits… La guerre avant la paix, quoi.
A : Tu es proche des rappeurs du 667, dont un grand nombre est invité sur ton album. À chaque fois, la connexion est fluide comme si tu faisais partie du collectif au même titre qu’eux. À quand remonte ta connexion avec eux ?
C : Depuis 2016, un truc comme ça. C’est des frérots de Pantin, Noisy c’est la ville voisine. C’est mon gars RAS, qui était à l’école avec Freeze Corleone, qui nous a pluggé. Depuis, on est ensemble, ça bouge pas.
A : As-tu déjà envisagé de rejoindre officiellement le 667 ?
C : Non, NLS for life. Jamais, c’est la famille, on fait plein de choses ensemble, mais chacun son gang, tu vois.
A : À l’avenir, peut-on imaginer plus de connexions avec des artistes extérieurs au 667 ?
C : Bien sûr, y’en a déjà énormément. Je ne les ai pas sorties là, parce que c’est vraiment un projet familial avec le 667 et les membres du label NLS, avec qui tu peux me voir tous les jours traîner.
A : Il y a une collaboration très surprenante sur ce projet, avec une artiste nommée ZNB sur le titre Corrida. Peux-tu présenter cette artiste et expliquer comment s’est faite la collaboration ?
C : C’est une connexion qui s’est faite par rapport à un frérot à moi, qui est DJ, et qui mixe sur Dubaï. Il l’a connue là-bas. Quand il est redescendu sur Paris, elle était là au même moment, du coup il l’a emmenée au studio, et la connexion s’est faite comme ça. C’est une espagnole, originaire du Maroc, donc on a voulu faire un mix entre ses différentes cultures et les miennes, un peu reggaeton, oriental, afro…
A : Doit-on s’attendre à t’entendre davantage sur ce genre de sonorités ?
C : Ça dépend, pourquoi pas, mais après, Criminls ça reste Criminls, mon truc de base c’est la trap.
A : Dans Fuck Boy, tu fais référence au titre Caillera à la muerte de Salif, et dans Nouvel ordre, tu rappes « Précurseur comme Zesau », qui, comme son compère Nessbeal, il fait partie des “rois sans couronne » du rap français. Est-ce important pour toi d’exposer tes références à un public plus jeune qui ne le connaîtrait peut-être pas ?
C : Franchement, c’est une bonne chose de l’avoir fait, mais c’est naturel, je pense. C’est vraiment ce qu’on a écouté petits, jeunes, c’est la base de notre rap. Si ces mecs avaient pas été là, ma musique aurait été bien différente. Elle serait sûrement un peu plus cainri, heureusement qu’ils étaient là pour la touche frenchy.
A : Penses-tu que la devise de la Scred Connexion, « Jamais dans la tendance, toujours dans la bonne direction » peut s’appliquer à toi et au 667 ?
C : À fond, si t’es dans la bonne direction, c’est la tendance qui va te suivre. Votre slogan, je le suis à fond, parce que de toute façon, c’est pas nous qui décidons de la tendance, c’est le public. Suis ta direction, et si tu marches droit, elle arrivera sur toi.
A : Après WW3, la suite sera-t-elle plus pacifique ?
C : Je ne pense pas. En 2023, on est dans une guerre froide, secrète, et ce sont des batailles qui peuvent durer des décennies. Mais, même en temps de WAR, y’a toujours un peu de place pour l’amour.
A : Pourras-tu défendre ce projet sur scène ?
C : On l’a déjà défendu fort le 24 février au Dock B, à Pantin. J’ai une grosse date qui arrive le 18 mars à Ifrane, au Maroc, et y’a une petite tournée qui se prépare. Je défends aussi mes titres quand j’accompagne Ashe 22 en tournée, sinon, pour la suite, restez à l’affût.
L’album WW3 de Criminls est disponible sur toutes les plateformes de streaming, et en physique à la Scred Boutique ainsi qu’au NLS Studio.
Interview réalisée par Adrien