À vingt-et-un ans, BALL, jeune artiste originaire du Val d’Oise, enchaîne déjà les titres et les projets. À l’occasion de la sortie de son projet Glitch, il s’est confié à Scred Magazine dans son studio de Frépillon, pour revenir sur son début de carrière et ses ambitions futures.
ADRIEN : Bonjour BALL, tu as sorti ton projet Glitch ce 14 avril. Quand as-tu senti que le moment était venu de sortir ce projet ?
BALL : Cette mixtape est née d’un challenge avec Strike, mon meilleur pote avec qui je bosse tous mes projets depuis le début. On a relevé le défi de faire 1 son par jour pendant 1 mois. Ça nous a permis d’avoir un processus créatif plus spontané que sur mes précédents projets qui étaient assez « surproduits », avec beaucoup de clips, de visus…
Après avoir finis le challenge, on voulait rendre les sons disponibles, mais on ne savait pas de quelle manière. Il nous fallait un format qui permettait de garder les meilleures sur les 30, sans être incohérent avec les sorties précédentes. On a donc fait une sélection des sons qu’on pouvait retravailler et emmener vers la couleur du projet en y incorporant aussi des exclus pour arriver vers un projet global « nouveau », n’ayant plus aucun lien avec le challenge.
On a choisi le format mixtape, même si j’estime l’avoir construit comme un album. Je n’arrive pas à concevoir mes projets autrement qu’avec une intro, une outro, un fil rouge… Et c’est pour ça que j’ai sorti quasiment que des « gros projets » depuis que j’ai commencé le son. Donc là pour une fois on voulait appeler ça mixtape, c’était un instantané de nos vies. On était dans une démarche plus naturelle et rapide vis à vis de notre musique, on réfléchissait moins sur tout.
Ça m’a fait beaucoup de bien d’avoir eu ce projet de transition, vers une identité musicale que je pense avoir enfin trouvé.
A : Pourquoi avoir choisi le nom BALL ?
B : Il y a plusieurs significations mais la raison principale c’est que j’ai dédié ma vie au basket pendant 14 ans, donc tous les gars de ma ville m’appelaient BALL par rapport à ce sport. Comme beaucoup d’artistes, je ne suis pas allé chercher plus loin que le blaze par lequel on m’appelait au quotidien. Ça me permet de toujours me rappeler d’où je viens, ce qui a formé ma rigueur et mon goût au travail, avant de me mettre à plein temps dans la musique.
A : Depuis quand t’es-tu lancé dans le rap ?
B : Ça fait six ou sept ans que je fais de la musique, mais je considère ça comme mon métier depuis trois ans.
A : Viens-tu d’un environnement où la musique était omniprésente ?
B : Pas du tout, dans ma famille c’est plutôt sport à fond. Cette passion de la musique a émané en moi vers mes 9/10 ans mais n’est pas venue de ma famille car personne n’en consomme chez moi.
A : Quels artistes t’ont inspiré dans ta jeunesse ?
B : Je n’ai pas commencé par le rap français, j’ai commencé par le US, j’étais que dans ça. J’ai mis du temps avant d’apprécier le rap fr, c’est avec les XVBarbar, des groupes comme ça, qui sonnaient plus cainri, que j’ai commencé à accrocher davantage.
J’écoutais que du US, mais j’étais bousillé. J’avais genre onze ans et je cherchais déjà les petites pépites à moins de 100k aux States.
Je n’ai pas de références particulières d’artistes, mais si je devais en citer qu’une, ça serait Young Thug. C’est ma première vraie gifle, il n’a pas vraiment eu d’influence sur ma musique mais c’est lui qui m’a donné l’envie de tester des trucs innovants.
A : Tu joues beaucoup avec ton imagerie sur les réseaux, cependant, tu n’as pas clippé de morceau de ce projet. Pourquoi ce choix ?
B : J’estime avoir sorti des projets qui ont un assez haut niveau visuel. En termes de moyens, c’était pas possible de revenir avec un truc aussi gros. Et sur ce projet on avait envie de laisser parler que la musique pour une fois. Mes prochains clips seront genre trois steps au-dessus, mais il fallait se laisser le temps de les préparer, de trouver les moyens de les réaliser etc pour revenir avec quelques chose de vraiment impactant et novateur.
A : Comme tu le dis dans le projet, tu as Commencé en bas. Est-ce que, par conséquent, tu ne te fixes pas de limites et vise le plus haut possible ?
B : Exactement, c’est vraiment la mentale, c’est limite une obstination qui fait rentrer dans des casse-têtes mentaux. J’aime tellement ça, et je suis trop fasciné par le fait de créer des choses innovantes, de graver un truc qui va rester toute ma vie. J’adore ce côté intemporel, et je pense que je ne m’arrêterai jamais, je vais toujours chercher à aller plus loin dans la création, jusqu’à atteindre mon objectif et le maintenir sur la durée.
A : Tu as pu performer sur scène aux côtés d’Eline aux Qualité Awards, organisés par le média Newtone, en février dernier. Quel bilan tires-tu de cette expérience ?
B : C’était une date très sympa, différente de celles que j’ai l’habitude de faire, car lorsque tu arrives en tant qu’invité ça peut être piège, il faut convaincre un public qui n’est pas forcément là pour toi. T’as pas beaucoup de temps et si tu te foires c’est mort. C’était un challenge qui s’est bien passé, j’ai eu de bons retours et j’ai l’impression que les gens ont quand même remarqué mon apparition donc plutôt cool.
A : Eline a été mise en avant notamment par sa participation au Levi’s Music Project avec Raska et B.B. Jacques. Est-ce que participer à un événement similaire serait compatible avec ta personnalité et ta direction artistique ?
B : C’est une question qu’on se pose avec mon équipe. Je pense que j’y suis pas fermé, pour moi ça dépend de la manière dont tu t’y places, la manière dont tu te fais voir, ton niveau de confiance en toi… en gros ça dépend juste de toi et de comment tu vas gérer ton image là-bas. Je pense que y’a des programmes qui colleraient plus à ma DA que d’autres, je ne dirais pas oui à n’importe quoi pour être visible mais ce serait mentir de dire que j’y suis fermé.
A : Le projet se termine sur Mercure liquide, dans lequel tu chantes : « Mercure liquide remplace mes pleurs ». Quelle est la particularité de cet élément chimique et pourquoi avoir cité celui-ci ?
B : Le mercure liquide, c’est un élément chimique qui me fait kiffer et que je trouve exceptionnel visuellement. Je trouvais ça pertinent d’assimiler ça aux pleurs. Dans la phrase d’après, je dis “déshumanisé dans la douleur“, pour montrer qu’avec le temps je suis devenu un robot avec des pleurs métalliques, à mi-chemin entre la machine et l’homme.
A : À l’avenir, comptes-tu davantage t’ouvrir à des collaborations avec d’autres artistes ou continuer à cultiver ton univers dans ton coin ?
B : Je ne peux pas dire de noms pour l’instant, mais je sais que mon prochain projet sera plus ouvert niveau feats. Actuellement, je suis beaucoup en studio à droite à gauche, même pas forcément pour mes projets à moi. On a fait ça dans notre coin pendant des années, mais maintenant qu’on a la possibilité, on essaye de s’ouvrir et de créer des connexions. Même en dehors de Paris, des mecs que j’écoute au quotidien et avec qui j’avais envie de faire du son depuis longtemps.
A : Vas-tu enchaîner rapidement avec ce futur projet ou laisser vivre celui-ci sur la durée ?
B : Je vais laisser vivre ce projet parce que j’ai besoin de temps pour préparer le suivant, que je vois vraiment comme mon projet de concrétisation. Celui qui va synthétiser tout ce que je fais depuis le début et marquer la fin d’un long chapitre avant l’ouverture d’un nouveau. J’ai besoin de vivre des choses et de me laisser un peu de temps, on est tellement dans un run à enchaîner projet sur projet depuis 3 ans que là j’ai envie de bosser tranquillement mon truc, et quand j’en serai sûr à 100%, je le sortirai.
Et en vrai je dis ça mais on est déjà dessus (rires).
A : Y’aura-t-il des scènes sur lesquelles te retrouver dans les semaines et mois à venir ?
B : Oui, je ne sais pas encore lesquelles, mais partout, le plus possible, parce que j’ai faim de dates. J’ai envie de faire vivre ma musique sur scène et j’ai un putain de show qui est déjà prêt donc bookez-moi (rires).
Le projet Glitch de BALL est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
Interview réalisée par Adrien