À vingt-trois ans, Wensly a déjà un parcours musical assez fourni. Après avoir été compositeur pour de nombreuses têtes d’affiche actuelles, il est progressivement passé de l’autre côté et a commencé à proposer ses propres morceaux, jusqu’à en arriver à un premier projet, Miel Part. 1, dans lequel il propose des influences diverses et variées, entre sonorités afro-caribéennes et R’n’B. Il s’est confié à Scred Magazine, afin que l’on en apprenne davantage sur sa personnalité et ses influences.
ADRIEN : Bonjour Wensly, tu as sorti ce 5 juillet ton premier EP, Miel part. 1. Pourquoi ce titre ?
WENSLY : Le projet s’appelle comme ça parce que les sons sont très mielleux, apaisants. Le miel c’est sucré, on utilise ça pour se soigner, et comme la musique est pour moi une thérapie, c’était logique de nommer mon projet comme ça. J’avais déjà ce truc autour du miel bien avant que je me lance en tant qu’artiste, quand je faisais des prods, je les appelais déjà « miel ». C’était la suite logique.
A : Tu es né à Haïti avant de partir plus tard en France. Quel héritage musical tiens-tu d’Haïti ?
W : Je suis venu très jeune ici, mais avant ça , il y avait beaucoup de musique à la maison, notamment avec mon tonton, qui écoutait beaucoup de reggae et de 50 Cent, aussi un peu de kompa. Ça m’a instruit et ça a instruit mon oreille. À la base, je suis aussi un gars de l’église, la chorale et les chœurs m’ont aussi appris les harmonies. Beaucoup d’artistes sont de cette école-là. Mais moi j’aimais aussi la batterie, qui m’a poussé à vraiment comprendre la musique. Ensuite je suis arrivé en France vers mes six ans.
A : Quelles autres musiques as-tu découvertes en France ?
W : J’ai découvert l’afro, la variété française aussi. C’était en plein dans la période Sexion d’Assaut, j’écoutais tout ce qui se faisait, la radio… Il y avait toujours l’église également, j’avais pas arrêté et j’aimais toujours voir le batteur jouer.
A : Comment décides-tu de te lancer dans la musique ?
W : Quand j’étais petit, j’ai toujours eu ce truc de faire les choses moi-même. À l’église, je mémorisais les mouvements du batteur, et je les refaisais chez moi, sur des casseroles ou autre chose. Je les refaisais à la perfection, dommage que je n’aie plus de vidéos de ça…
A : Ça aurait pu buzzer sur TikTok, dommage…
W : De malade ! Je reprenais les sons, je les rejouais, et j’ai commencé la production comme ça, dans ma chambre avec un piano et une guitare. C’était du bricolage, je faisais mes petites chansons dans ma chambre. Et après, j’ai eu un ordi et je me suis vraiment lancé dedans.
A : Tu as rapidement composé pour Bramsito, Joé Dwet Filé, Timal ou encore Denzo. Comment es-tu passé de compositeur à interprète ?
W : Je faisais beaucoup de sessions. Tous les gens qui me connaissent savent que j’étais full ingé, je ne voulais rien faire d’autre. C’était une passion de donner des toplines aux artistes, d’en faire de bons sons. Un jour, en session avec Bramsito et Denzo, Valou était en studio avec nous. On cherchait des mélodies pour Bramsito, et Valou me dit : « Mais tu devrais être sur le son, là. » Je n’étais pas chaud, mais elle m’a convaincu d’essayer. En fait j’ai toujours voulu, je chante tout le temps, en voiture, dans les transports… Mais j’avais un peu peur de me lancer, ni réellement l’envie. Je voyais ma place uniquement derrière les ordis, et fin. Elle m’a poussé à faire un son, j’en ai fait deux, trois… Aujourd’hui j’en ai plus de cent dans l’ordi ! (Rires)
A : Est-ce que tu composes toujours ?
W : Je compose surtout pour moi. Dans le projet, j’en ai composé six sur les huit. Mais j’enregistre toujours des personnes, moins qu’avant certes, mais si on me demande des instrus, je suis toujours là. En ce moment je fais plus de sons pour les films, les pubs, mais je ne suis pas fermé.
A : Ta casquette de compositeur t’a-t-elle permis de t’ouvrir des portes pour celle de chanteur ?
W : Fort. Ça m’a montré comment construire un son, voir les dessous. Bosser avec des grands artistes, au-devant de la scène, ça m’a montré qu’il fallait être pointilleux sur de nombreux détails. Ça m’a formé. Je trouve que c’est bien que je ne me sois pas lancé tout de suite, je n’étais pas encore prêt. Aujourd’hui, à force d’être beatmaker ou ingé, ça m’a formé et totalement aidé.
A : Tu travailles avec le label Black Gold. Comment s’est faite cette connexion ?
W : À la base, j’étais en formation au studio Empire, à Boulogne, et je cherchais un poste d’ingé son, un studio qui pourrait me prendre pour bosser avec eux. Un gars à moi m’envoie un message qui me dit que ce studio cherchait un ingé. Je contacte Valou, je lui raconte mon parcours et ça a matché tout de suite.
A : Tu as pu faire des premières parties de grands artistes, comme La Fouine, Zaho ou Ronisia. Que t’a apporté cette expérience ?
W : Déjà, avec les artistes, les échanges étaient incroyables, ils sont super humains, et ils ont tous prêté attention à ma musique. Avec leur humilité, ça a matché à chaque fois et ça m’a beaucoup apporté. Et le public, laisse tomber, il ne connaissait pas les sons. À chaque première partie, le projet n’était pas encore sorti, donc c’était soit va casse, soit ça passe. Ça met une pression, les gens ne viennent pas pour toi. Mais je connais mon karaté, je sais que mon son peut plaire. Ronisia, j’ai fait toute la tournée avec elle, et je savais que son public pouvait correspondre avec le mien. Premier refrain, ils bougent avec moi, deuxième refrain ils fredonnent, troisième refrain, je leur tends le micro et ils chantent avec moi.
A : Est-ce que ça te donne envie de proposer rapidement tes propres concerts ?
W : Ouais, fort, j’ai trop envie. L’autre fois, je faisait un live sur TikTok et on me l’a encore redemandé. Les gars doucement, je viens d’arriver, je viens de sortir mon projet, ça va se faire doucement. On va bosser, et ça pourrait se faire d’ici quelques mois.
A : Ton EP Miel est une Part. 1. As-tu déjà prévu les parties suivantes ?
W : Je suis déjà dessus. J’étais sur la partie 1, je prépare déjà la deuxième. Il y aura de beaux feats, beaucoup de visuels et beaucoup de musique.
A : Est-ce que tu comptes tenter d’autres courants musicaux ?
W : Dans le premier projet, y’a pas un seul son qui se ressemble, à part peut-être Shein et Tsunami, j’ai pris des risques et j’ai fait tous les styles que je pourrais faire plus tard. Après, je vais me spécialiser dans ce que je veux, mais je ne peux pas tout dévoiler pour l’instant. Ce sera la surprise.
A : Y’a-t-il des featurings que tu voudrais réaliser sur les projets suivants ?
W : J’aimerais bosser avec les nigérians, et tous ceux qui font un peu d’afro en France. Mes featurings de rêve ça serait des mecs comme Franglish, Tiakola, j’aime beaucoup ce que fait un mec qui s’appelle RnBoi aussi. Et en Afrique, toute la scène nigériane, Real, Burna Boy…
A : À quoi s’attendre de ta part pour le reste de l’année 2024 ?
W : Beaucoup de musique, j’espère ne plus avoir à travailler. Ne faire que de la musique, et en vivre, c’est mon plus grand rêve.
Le projet Miel Part. 1 de Wensly est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
Interview réalisée par Adrien