Mise en lumière par la dernière saison de Nouvelle École, Kenz a beaucoup plus à montrer que ce que l’on a pu voir sur Netflix. C’est pourquoi, dans la foulée de la diffusion de l’émission, elle a sorti son premier EP, Alone, qui la présente sous un tout autre angle. À cette occasion, elle est revenue auprès de Scred Magazine sur la conception de ce projet, sur ses inspirations artistiques ou son engagement associatif.
ADRIEN : Bonjour Kenz, tu as sorti ton EP Alone ce 21 juillet, juste après ta participation à Nouvelle École. Était-ce important pour toi d’enchaîner après cette mise en lumière ?
KENZ : Oui, c’était important dans le sens où il fallait très très vite partager mon monde au-delà de Nouvelle École. C’est le début de mon monde, un petit chapitre par rapport à tout ce que j’ai à proposer.
A : Quel bilan tires-tu de cette émission ?
K : Franchement, c’était une expérience incroyable en vrai, avec ses hauts et ses bas, mais j’en tire que du positif.
A : En regardant les deux premières saisons, te voyais-tu déjà dedans ?
K : Ouais, je savais déjà que je ferais la saison 3. En regardant la 1, j’avais déjà prévu.
A : Pourquoi pas la 2 directement ?
K : Parce que jamais deux sans trois, et je sentais qu’ils allaient mettre plus la patate sur la troisième.
A : C’était pour esquiver Shay ? (Rires)
K : Absolument pas, parce que Shay c’est une go de ouf, pas du tout… (Rires)
A : Est-ce que l’image de toi qui a pu être renvoyée par le montage de l’émission t’a gênée ?
K : Ça ne m’a pas gêné, mais il faut savoir qu’au niveau du montage et des traits de caractère sélectionnés, ils sont restés très focalisés sur la fille de cité, qui parle en mode cité, alors que je ne suis pas que ça, et vous pouvez le constater sur la pochette de mon EP.
A : Ce projet est-il donc l’occasion pour toi de corriger ce souci d’image ?
K : Oui, totalement. Qui n’est pas un souci d’ailleurs, mais qui n’est pas la totalité de ma personne.
A : Quel a été ton parcours dans le rap jusqu’à la diffusion de l’émission ?
K : Il faut savoir que je me suis installée à Paris il y a trois ans, j’ai commencé avec le Cours Florent, en théâtre et comédie. Après, je me suis mise dans la musique après cette expérience un peu particulière qui m’a fait me renfermer sur moi. J’ai écrit ma vie et j’en ai fait des textes de rap.
A : Est-ce que le Cours Florent t’a apporté certaines choses que tu réutilises dans la musique maintenant ?
K : Ça m’a conforté dans l’idée que je voulais être une artiste.
A : Tu viens de Grenoble, est-ce que le rap était présent autour de toi dans ta jeunesse ?
K : Oui, j’écoute du rap depuis que je suis née. Ça m’a bercé, ça m’a fait grandir, fait comprendre plein de choses…
A : Quels artistes t’ont inspiré ?
K : Ma première inspiration dans le rap c’est Jul. Après j’écoutais beaucoup les anciens aussi, les Seth Gueko, LIM, Kamelancien, Soprano à l’ancienne, les Psy 4 de la Rime, la Mafia K’1 Fry… Jul, c’est vraiment la personne qui m’a accompagné toute mon enfance dans le quartier. Quand il est arrivé, j’avais quatorze ans.
A : C’était pile l’âge pour se le manger de plein fouet.
K : Ouais. Jul il arrive avec un style, on dirait qu’il rappe nos vies, dans une simplicité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Pas forcément trop de technique, mais elle est là sa technique.
A : Est-ce que la popularité de Mister V et Karmen a un impact positif sur la scène grenobloise ?
K : Y’a Jeff Le Nerf surtout ! Mister V il jouait dans le même club de basket que moi, on habitait à dix minutes l’un de l’autre. C’est une ville où tout le monde se connaît et se donne de la force.
A : Pourquoi avoir choisi d’appeler ton EP Alone ?
K : J’estime que même si on est beaucoup accompagnés dans notre travail par la force et l’énergie qu’on nous donne, au final on est seuls, on doit s’en sortir nous-mêmes pour nous. C’est pour tout le monde pareil.
A : Est-ce que l’expérience Nouvelle École t’a permis d’être moins seule ?
K : Pas du tout. C’est vraiment une question d’état d’esprit. Je peux être entourée, tu peux mettre cinquante personnes autour de moi, je vais quand même me sentir seule.
A : Y’a-t-il des artistes de la saison 3 avec qui tu aimerais collaborer à l’avenir ?
K : Pas spécialement, mais je m’entends bien avec les trois quarts des candidats. Ça a duré un temps et voilà quoi…
A : Le projet commence par J’reviens de loin. C’est quoi, « loin » pour toi ?
K : C’est une manière de dire que je reviens de loin dans ma vie, mes émotions, mon parcours, dans ce que j’ai pu entreprendre dans la musique et le milieu artistique, le morceau décrit totalement ça.
A : Tu as également créé l’association Oh la belle vie, peux-tu la présenter ?
K : J’ai créé cette association qui défend le handicap, parce que j’ai un rapport de proximité avec. Le but étant de leur apporter un coup de pouce financier, parce qu’on a besoin de thunes pour tout faire dans ce monde. À chaque sortie de concert, on essaie de garder un petit pourcentage des bénéfices pour les envoyer aux écoles spécialisées, aux autres associations, aux personnes en situation de handicap que j’ai autour de moi, pour les aider dans leur vie…
A : Regrettes-tu que cette cause soit trop peu représentée dans le rap ?
K : Moi, déjà, il faut savoir que je ne regrette rien. Je pars du principe que chacun défend ce qu’il a envie de défendre, je n’allie pas forcément ça au rap. Moi, je le fais parce que c’est ma cause, mais j’aurais très bien pu être découverte en tant qu’actrice et faire la même association.
A : En tant qu’actrice, as-tu des projets prévus prochainement ?
K : Oui, mais je ne te dirai pas tout. C’est quand même la base de mon ambition.
A : Après cet EP, prépares-tu un format album pour la suite ?
K : Totalement, je suis en préparation d’un album qui verra le jour autour de la rentrée. Y’a quatre rentrées dans l’année… (Rires)
A : Pourras-tu te produire prochainement sur scène ?
K : Totalement. Déjà on va organiser un concert dans ma ville de Grenoble, la base. C’est bien d’aller faire le tour de France, mais c’est aussi bien de commencer chez soi. Après on ira ailleurs, faut rester branchés !
L’EP Alone de Kenz est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
Interview réalisée par Adrien
Photos réalisées par @salma_shots