Espoir prometteur de la fin des années 2010, KRK a pris le temps qu’il lui fallait pour se développer à son rythme. En 2024, il est prêt à passer à la vitesse supérieure, notamment grâce à l’EP Ligne continue, qui marque son grand retour et pour lequel il s’est confié à Scred Magazine.

 

 

ADRIEN : Bonjour KRK, tu sors ce 18 octobre un EP, Ligne continue. Pourquoi ce titre ?

KRK : Tout simplement parce que la vie c’est une ligne continue. Peu importe ce que tu traverses dans ta vie, elle continue, tout simplement.

 

A : Tu as traversé des épreuves difficiles ces dernières années ?

K : Oui, comme tout le monde. Des fois tout va bien, tout est rose, des fois c’est compliqué. Tu fais tout pour te relever, et au bout d’un moment tu te relèves.

 

A : Le projet précédent s’appelait Sale type. Est-ce que tu en es toujours un ?

K : C’est vaste, un sale type c’est un jeune issu des banlieues qui va raconter sa vie au quotidien. C’est inspiré de ce qu’il vit, ce qu’il voit. Ça fait pas de lui un sale type, mais quand t’es jeune, ado, tu fais des erreurs, tu te cherches, et t’es pas toujours dans le bon.

 

A : Tu es présent dans le paysage du rap français depuis plusieurs années, sans avoir été très productif, avec seulement ce projet Sale type en 2022 avant Ligne continue. Est-ce que des événements internes ou externes à la musique t’ont empêché d’enchaîner comme tu le voulais ?

K : J’ai pas été assez productif, parce que notamment j’ai eu une petite fille, j’ai priorisé la vie perso et mis l’artistique de côté.

 

 

A : Est-ce que le fait de prendre du « retard » sur les autres de ta génération a touché ton ego d’artiste ?

K : Non, pas forcément. Chacun a sa gloire, chacun a son temps, faut juste avoir la passion. À partir du moment où t’es un passionné tu kiffes ce que tu fais, donc t’envies personne. Bien au contraire, il faut féliciter tout artiste que t’as côtoyé, peu importe le niveau où ils sont montés. Chaque chose en son temps, faut savoir être patient. Peut-être que ça peut jouer sur le mental de certains, mais moi non.

 

A : Remontons légèrement dans le temps. Quels sont tes premiers souvenirs de ta carrière de rappeur ?

K : Depuis déjà tout jeune, j’étais le plus petit, toute petite voix de bébé, on enchaînait dans des petits home studio, vers mes dix-sept ans. À cette époque y’avait Croma, le pote de Sultan, qui était en pleine ascension, on a pu collaborer avec lui. Ça te met tout de suite en confiance, et de fil en aiguille, je m’amusais à faire des freestyles dans les voitures, j’avais des bons retours, donc je me suis lancé. Par passion, pas vraiment avec un but.

 

A : Quels rappeurs t’ont inspiré en premier ?

K : Moi j’étais pas trop cainri, j’étais plus Despo Rutti, LIM, Alpha 5.20. Le Ghetto Fab’, j’ai pu le côtoyer pendant au moins deux longues années, en tant qu’ingé son. On avait des gros studios à disposition, avec des gros artistes que j’ai pu enregistrer, comme Niro ou Sinik, Alibi Montana aussi… J’ai eu la chance de côtoyer les anciens. 

 

 

A : Quand fais-tu la rencontre de l’équipe du studio 50K ?

K : Depuis le début, y’a Ibra de 50K qui passait nous voir dans notre ancien studio. Il a toujours cru en nous, donc naturellement, quand il a monté le studio on l’a fait avec lui.  J’étais là dès le début du 50K.

 

A : Pendant ton « absence » du devant de la scène, as-tu pu t’ouvrir à d’autres influences musicales en tant qu’auditeur ?

K : Bien sûr, quand t’aimes la musique, tu t’ouvres à toutes formes de musique. J’ai toujours été curieux, je vais écouter des sonorités africaines, des States, ce qui vient à mes oreilles. 

 

A : Maintenant que la machine est relancée, comptes-tu enchaîner avec plusieurs projets rapidement ?

K : J’y travaille déjà. On est déjà sur un prochain projet, mais on a pas de date précise. En fonction des retours on verra ce que le public apprécie et on verra dans quelle direction aller selon ce que les auditeurs vont kiffer.

 

A : Ce projet est découpé en sept parties, intitulées Lignes. Que signifie ce choix ?

K : Dans les lignes continues, t’as la ligne 5 qui fait référence au métro de Bobigny, d’où je viens, la 7 à Pantin, aux Quatre-Chemins.

 

A : Mais il n’y a que sept lignes, alors que le métro en a quatorze.

K : Peut-être qu’il y a un Ligne continue 2… Quand tu regardes la cover, tu vois qu’il y a une cohérence, il y a quelque chose.

 

 

A : Est-ce que c’était important de ne pas faire de featurings sur ce projet pour ne pas troubler la continuité de la ligne ?

K : Ouais, c’était important, j’avais besoin de me redécouvrir, d’apprendre encore de moi-même, de réécouter tranquillement ce que je veux proposer. Je reviens, donc je mets les deux pieds dedans pour ne pas me rater.

 

A : Le dernier morceau s’appelle Assimi Goïta, du nom du président intérimaire du Mali. En quoi t’inspire-t-il ?

K : Déjà, je suis content de ce qu’il fait dans le pays, mais c’était aussi pour dédicacer Yaro, qui m’avait invité à son Planète Rap 100% maliens. J’ai eu la chance d’interpréter ce morceau, et à la fin je fais une petite dédicace à Assimi, donc je décide de l’appeler comme ça. 

 

A : Tu t’es récemment produit à l’Adidas Arena pour le concert de la compilation Game over. Quel bilan tires-tu de cette expérience ?

K : Je suis sur les trois projets, j’ai fait les trois scènes, dont la dernière à l’Adidas Arena. 9000 personnes, c’est du bon stress, et moi je kiffe ça, je kiffe la scène. Si j’avais pu j’aurais fait que de la scène, mais avant ça il faut travailler au studio. Putain d’expérience, j’ai cette facilité à communiquer avec le public. Si bientôt je suis amené à remonter sur scène, je saurai comment m’y prendre. 

 

A : Est-ce que cela te donne envie de proposer ton propre concert bientôt ?

K : Le Stade de France, pourquoi pas ? C’est pas un rêve mais je kifferais…

 

A : En attendant, est-ce que tu pourras faire de plus petites salles pour ce projet ou pour le suivant ?

K : Je pense que ça va plus être pour le suivant, plus rythmique, plus ouvert. Pour l’instant j’attends surtout que les auditeurs s’identifient à KRK, et selon les retours on verra. Pourquoi pas ?

 

 

Interview réalisée par Adrien

L’EP Ligne continue de KRK est disponible sur toutes les plateformes de streaming.

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