Lin’s est un rappeur originaire du quartier de Jette à Bruxelles, qui a dévoilé le 23 septembre dernier son premier projet, 100 filtres. À l’occasion de cette sortie, il a accordé une interview à Scred Magazine pour dévoiler un peu plus son univers.
ADRIEN : Bonjour Lin’s, merci de participer à ma première interview « internationale ». Pour commencer, peux-tu revenir rapidement sur ton parcours, de tes débuts jusqu’au projet 100 filtres qui vient de sortir?
LIN’S : J’ai commencé le rap à douze ans. Depuis l’âge de douze ans j’écris, mais on va dire que je me suis lancé il y a une année, un an et demi.
A : Quels rappeurs t’ont inspiré dans ta jeunesse ?
L : Alors déjà y’avait Lino…
A : Lino, parce qu’il porte le même nom que toi ?
L : Non, même pas, j’aimais juste bien comment il rappait (rires). Lino, Booba, Nessbeal, Niro… Beaucoup de rappeurs anciens en fait.
A : Pas de rappeurs belges ?
L : J’écoutais les mecs de ma ville, mais on peut pas dire que c’est vraiment eux qui m’ont inspiré. Je me suis toujours inspiré de la France, beaucoup me disent que quand je rappe, on sent pas directement que je viens de Belgique, on pense que je viens de France.
A : La scène belge a explosé il y a quelques années et énormément de têtes d’affiche ont émergé. Aujourd’hui, est-ce que tu considères que les succès des Damso, Hamza, Roméo Elvis et consorts ont permis de faciliter la mise en avant de profils comme le tien ?
L : Comme moi, peut-être pas, parce qu’on va dire que leurs styles à eux sont plus ouverts, grand public, alors que le mien est un peu plus hardcore on va dire.
A : Y’a des mecs comme Frenetik aussi…
L : Voilà, des mecs comme lui, dans mon style, peuvent me permettre de prendre un peu de lumière.
A : En parlant de lumière, le projet dégage une couleur assez sombre, et même les morceaux aux instrumentales plus enjouées comme Strass et paillettes restent assez pesants, était-ce une volonté artistique spécifique à ce projet ?
L : J’ai toujours eu cette manière d’écrire, même si je fais un son calme, faut toujours qu’on sente une touche agressive.
A : Il y a quand même un moment où il n’y a pas du tout d’agressivité. Ta fille est née le 17 juin 2020, cette date donne son nom à un morceau. Cette paternité a-t-elle changé ta façon d’appréhender le rap et de travailler ?
L : Pas du tout, cette naissance m’a simplement rendu plus déterminé. Avant, je faisais du rap vite fait, je sortais des clips à gauche à droite, mais rien de concret, tu vois.
A : Quand tu n’avais pas de bouche à nourrir, tu ne te sentais pas obligé de percer, et maintenant si ?
L : Voilà, voilà. Je me sens pas vraiment obligé de percer, mais je dois essayer, parce que je sais faire que ça. Je me vois pas travailler derrière un bureau parce que je sais faire que du rap, vivre de ma passion, tu vois ce que je veux dire, je suis obligé de charbonner.
A : Le titre du projet, 100 filtres, renvoie à la fois une impression de transparence et d’opacité, tu te dévoiles sans trop en dire. Il renvoie également au titre de l’album 100 visages de Leto, est-ce que tu as toi aussi cent visages à montrer au public et si oui, est-ce qu’ils sont tous dans le projet ou est-ce qu’on les découvrira dans les suivants ?
L : Moi, ce que je voulais véhiculer, avec le jeu de mots sur “cent“ et “sans“, que tu voies dans plusieurs sons que j’ai cent filtres, mais que tu voies aussi que je suis sans filtre. Les sons ils sont très bruts, très français, mais en même temps il y a plusieurs facettes. Après c’est vrai que dans ce projet-là on voit ça de cette manière, mais dans d’autres, je prendrai un autre point de vue.
A : Le titre Franklin Saint a été clippé, est-ce que tu t’identifies ce personnage de Snowfall et si oui par rapport à quels aspects ?
L : Faut regarder la série pour vraiment comprendre, c’est un jeune de quartier qui monte en grade, gravit les échelons, essaie de s’en sortir, et c’est comme ça que je me vois.
A : Là tu commences à gravir les échelons du coup ?
L : Doucement mais sûrement.
A : Il n’y a qu’un seul featuring dans ce projet, avec Kratos, qui est je l’imagine, un de tes proches. Te présenter quasiment seul face au public était-il une volonté artistique pour ce projet ?
L : Oui parce que c’est mon premier projet officiel, j’en avais déjà sorti un de huit titre sur Audiomack, mais c’était pas du sérieux, je prenais pas le rap au sérieux. 100 filtres c’est vraiment mon premier projet, à la base je ne voulais même pas faire de feat, faire un projet entièrement solo. Après, je me suis aussi dit que je pouvais donner de la force à un mec de chez moi, donc je l’ai fait.
A : Peut-il y avoir d’autres collaborations à l’avenir ?
L : Bien sûr, d’ailleurs j’ai déà fait des collaborations, avec Johnny Smile et Kelis, des français.
A : Dans l’outro D’où je viens tu conclus en affirmant « Premier projet mais pas le dernier » (Chercher la citation exacte), on peut donc en conclure que la suite arrivera rapidement ?
L : Y’a un rappeur à qui je m’identifie beaucoup, c’est Jul. Quand je le vois travailler, ça me donne envie de charbonner encore plus. Là j’ai sorti mon projet en septembre, dans deux ou trois mois, j’ai envie d’envoyer la suite.
A : D’ailleurs, cet été, j’ai interviewé Friz, un des meilleurs amis de Jul, lui-même peut ne pas avoir de nouvelles de lui pendant plusieurs semaines car il s’est enfermé pour faire un nouvel album.
L : Pour moi c’est exactement ça, pour ce projet-là, j’étais très rarement au quartier, très rarement à la maison, je m’identifie beaucoup à lui.
A : On te souhaite le même succès que Jul, Scred Magazine sera toujours là pour suivre.
L : J’espère, c’est lourd en tout cas, merci beaucoup.
Interview réalisée par Adrien
Le projet 100 filtres est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
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