Originaire du quartier de la Pointe à l’Ange, à Villepreux, dans les Yvelines, le jeune rappeur Guib’s a dévoilé ce 1er mars 2024 son tout premier EP, Débrouillard. Pour ce premier projet, il s’est confié à Scred Magazine pour présenter son profil et son identité musicale. Déterminé à réussir, Guib’s a tout pour faire partie des grands.
ADRIEN : Bonjour Guib’s, tu sors ce 1er mars ton premier EP, Débrouillard. En quoi ce mot te définit-il ?
GUIB’S : C’est un état d’esprit, c’est ma façon de travailler, et elle ne bouge pas.
A : Était-ce important d’arriver avec cette idée pour te présenter au public ?
G : Ouais, je voulais montrer qu’en totale indépendance, j’ai pu me débrouiller pour faire mes projets solo. Y’a pas eu de label derrière, c’était avec mes amis, ingés, beatmakers.
A : Les projets suivants seront-ils aussi faits avec cette débrouille, ou peux-tu t’ouvrir également à d’autres entourages ?
G : Y’aura possibilité, les portes ne sont pas fermées.
A: Comment as-tu voulu te lancer dans le rap ?
G : Le tout début, c’était en 2019, il y avait un clip dans ma cité, de Siddy, un ami à moi. À la fin du clip, moi et mes gars, on se pose dans une voiture, et chacun rappe ses textes. Moi j’avais pas de texte, mais j’étais dedans, un de mes amis m’a aidé à gratter, écrire mon premier texte, c’est là que j’ai commencé à gratter.
A : Avant tout cela, quel était ton parcours en tant qu’auditeur ?
G : C’est là depuis l’enfance. J’ai un oncle qui habitait à Belleville, qui est proche de Mister You. Il allait en studio avec les autres grands du quartier, et j’avais les retours. J’écoutais ce que mon oncle posait avec Mister You, et c’est là que j’ai commencé à m’y intéresser.
A : Était-ce facile de trouver des studios et de s’enregistrer au début ?
G : J’ai la chance d’avoir les contacts pour deux studios, La Bulle à Montigny-le-Bretonneux et KF Records à Igny, où j’ai d’abord suivi mon ami Siddy. Dans ma direction artistique, ils sont très importants.
A : As-tu facilement pu te connecter avec les artistes du secteur ?
G : En vrai, on se connaît à peu près tous de vue, on se regarde tous, mais y’a pas vraiment de contact. C’est quand il y en a un qui est bien haut, qu’il y a possibilité de faire une passe à un autre, que les contacts se font.
A : Tu as également des featurings avec des artistes espagnols, comment se sont faites ces connexions ?
G : Encore Siddy (rires). Il est marocain-espagnol, il parle couramment espagnol, et y’a un artiste de Séville qui l’a contacté pour un featuring. Ensuite, pendant que le morceau se faisait, j’ai sorti le morceau Costa avec Siddy. Les espagnols l’ont vu et ils ont bien aimé, du coup on est partis là-bas, j’ai clippé chez eux, c’est là que les liens se sont créés. On a été bien accueillis, ensuite ils sont venus en France, à La Pointe à l’Ange, on les a également bien accueillis. J’ai collaboré avec l’un d’entre eux, Lolito, et il y a bientôt des choses qui vont se faire avec d’autres gars de sa team.
A : Dans des morceaux comme Eaux troubles ou Second souffle, on sent que tu as traversé des moments de doute avant d’arriver à ce premier projet. Est-ce que tu as parfois cru ne jamais y arriver ?
G : J’ai déjà eu des doutes, c’est déjà venu dans mes pensées. Après, y’a personne qui m’attend, s’il faut que je prenne le temps je vais le prendre, ça va finir par sortir.
A : Est-ce que tu sens que des artistes plus en place commencent à avoir un œil sur toi ?
G : J’ai des retours d’artistes un peu plus confirmés, Sizlac d’Orléans, proche de Dosseh, ou Harper, le manager de Bosh. Chaque fois qu’on se croise, il me demande où j’en suis par rapport à la musique, il me donne des conseils. Yanoh aussi me conseille énormément.
A : Est-ce que tu commences à avoir des idées de featurings pour la suite ?
G : Tout de suite, pas vraiment. Mais j’aime bien Uzi, son univers, sa façon de poser, ça pourrait bien coller. Et aussi Lesram, que j’ai découvert l’année dernière. Sa façon de transcrire les images, l’écriture, c’est vraiment son truc.
A : Quand on est un jeune des Yvelines qui arrive dans le rap, est-ce qu’il y a une volonté de remettre le 78 sur le devant de la scène, comme à l’époque de La Fouine ?
G : Clairement. C’est mon combat, que ce soit mon quartier ou d’autres villes du 78, j’essaie de les pousser au max. Je conseille les petits en leur disant de ne pas lâcher la musique. C’est un sport de riches, c’est dur, mais faut tenir.
A : Yanoh m’avait parlé dans notre interview d’un manque de solidarité dans le 78, le ressens-tu également ?
G : Ouais, clairement, tous les artistes du 78 le savent. On est trop dans l’attente que quelqu’un bouge, que quelqu’un fasse une compilation. Y’a eu B.O.M., ça a traîné, des artistes qui sont dedans ont arrêté la musique entre temps… Avec plus de puissance et de force, on peut faire un projet plus solide.
A : Après cet EP, comptes-tu rapidement enchaîner avec d’autres projets ?
G : Je vais clipper des morceaux, continuer à le défendre après le Ramadan, et sur le côté, je vais commencer à travailler sur un autre projet, peut-être encore un 7 titres ou alors 10 titres. La musique aujourd’hui, ça va vite, il faut privilégier les projets qui s’écoutent vite.
A : Pourras-tu défendre ce projet sur scène ?
G : Ouais, s’il y a possibilité. Mais il n’y en a pas beaucoup, alors que dans des villes comme Grigny ou Trappes, il y a plein d’événements créés par la mairie pour mettre en avant les jeunes joueurs. Aux Clayes ou même à Villepreux, y’a pas ces possibilités. Mais c’est possible, si on nous donne les moyens.
Interview réalisée par Adrien
L’EP Débrouillard de Guib’s est disponible sur toutes les plateformes de streaming.